Publié le 14 février 2024
[Dans les coulisses d’EPOPEA – épisode #10]
Sous les croisées d’ogives en bois cérusé, un silence de cathédrale… ou plutôt de scriptorium médiéval. La bibliothèque Madeleine-Brès a été pensée par l’agence d’architecture Chabanne comme un hommage au patrimoine gothique de la ville. Pierre angulaire du nouveau Pôle de Formation et de Recherche en Santé (PFRS), elle enregistre chaque jour 20 000 entrées.
Inauguré en 2014, le PFRS rassemble désormais en un seul lieu les formations en médecine, pharmacie, chirurgie-dentaire, orthophonie et maïeutique, mais aussi plusieurs formations paramédicales (ambulanciers, orthophonie, orthoptie, infirmiers, aides-soignants…). Ce regroupement permet de mutualiser les activités pédagogiques et les stages pluridisciplinaires.
Le PFRS n’a pas pour seule vocation de former les futurs professionnels de santé. Il doit aussi orienter ses formations et ses activités de recherche pour répondre aux besoins du territoire. « Nous avons une responsabilité sociale, introduit Emmanuel Touzé, doyen de l’UFR Santé, et nous travaillons en partenariat avec les collectivités, l’Agence Régional de Santé, les professionnels de santé, les établissements, et bien sûr les usagers… » Dans cet esprit, la création en 2022 d’un département d’odontologie répond à la pénurie de chirurgiens-dentistes en Normandie.
« C’est un enjeu majeur pour le PFRS, relève Emmanuel Touzé. Nous avons plusieurs leviers pour agir : augmenter le nombre de professionnels en formation, comme nous le faisons pour les médecins, les sages-femmes et les infirmiers. Nous pouvons aussi diversifier les disciplines et favoriser les étudiants qui viennent des territoires moins urbains car ils auront plus d’appétence pour y retourner. Il faut aussi renforcer l’irrigation territoriale des formations, encore trop centrées sur les métropoles, et développer les stages en dehors des CHU. C’est la politique “Territoire universitaire de santé“. »
Le PFRS se mobilise également pour travailler auprès des populations vulnérables qui peuvent rencontrer des difficultés d’accès aux soins, ou subir des refus de soins. « Pour apprendre à mieux connaître ces patients, nos étudiants de médecine et d’odontologie suivent désormais un stage de sensibilisation au handicap », précise Emmanuel Touzé.
L’organisation du système de santé est un autre axe de travail pour le PFRS. Un master santé a été créé pour traiter les questions du grand âge et l’organisation territoriale de santé, afin de décloisonner les structures sanitaires et médico-sociales. « Les acteurs ne se parlent pas suffisamment, ce qui peut engendrer des ruptures de parcours de soins, regrette Emmanuel Touzé. Plus les étudiants seront formés ensemble avec la même culture, plus ils pourront travailler en bonne intelligence… »
Pour former les futurs professionnels de santé, le PFRS intègre de nouveaux dispositifs d’enseignement, avec notamment des outils numériques qui permettent un apprentissage autonome. « La connaissance pure peut être délivrée à distance, reconnait Emmanuel Touzé, mais il faut remédier les cours en ligne par du travail de proximité avec les enseignants. »
Situé sur le campus 5 de l’université de Caen Normandie, le PFRS abrite l’UFR santé (médecine et pharmacie), ainsi que l’école des sages-femmes. Il forme chaque année 6 000 étudiants, dont 800 internes.
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