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Centre Baclesse : l’apport des médecines personnalisées

Publié le 26 février 2024

[Dans les coulisses d’EPOPEA – épisode #11]

Sur le Science Park EPOPEA de Caen, le Centre François Baclesse, l’un des 18 Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC) français, exerce une triple mission : soigner, rechercher et enseigner. Au cœur de ses services, certains patients bénéficient en médecine nucléaire des apports de la radiothérapie interne vectorisée (RIV), une technologie de pointe et une thérapie ciblée.

C’est un établissement de santé qui compte en région Normandie. Avec 1 200 salariés dont 156 médecins et chercheurs (soit 14 % des effectifs), le Centre Baclesse traite plus de 27 000 patients par an. Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC), il y pratique la Radiothérapie interne vectorisée (RIV), un concept ancien dont le modèle emblématique est l’iode 131 (isotope de l’iode) dans les pathologies thyroïdiennes, en particulier dans le cancer de la thyroïde. Dans cette indication, l’iode 131 est utilisé depuis les années 1960 et reste un pilier de la prise en charge.

En médecine nucléaire, les isotopes sont utilisés pour leurs propriétés de rayonnement à des fins diagnostiques (scintigraphie, tomographie par émissions de positons [TEP]) et destructrices à des fins thérapeutiques (RIV). La médecine nucléaire à visée thérapeutique utilise des molécules spécifiques d’un cancer donné marquées avec un isotope radioactif, administré au patient généralement par voie veineuse dans une unité dédiée de médecine nucléaire.

Un service de médecine nucléaire agréé

Après injection du radiopharmaceutique dans une veine, celui-ci s’accumule à l’intérieur des cellules ciblées et d’intérêt en émettant ses radiations, entraînant ainsi la destruction de ces cellules. Pour des raisons de radioprotection, cette activité peut nécessiter un séjour de plusieurs heures ou une hospitalisation du patient en chambres spécialement aménagées.

En raison de sa technicité, elle est uniquement réalisée dans un service de médecine nucléaire agréé, encadré par des règles strictes, en particulier dans le domaine de la radioprotection avec une surveillance attentive de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

En Europe, c’est le Lutathera (analogues de la somatostatine marqués au Lutecium 177), traitement de radiothérapie interne vectorisée pour les tumeurs neuroendocrines, qui a ouvert la voie au développement de nouveaux radiopharmaceutiques pour de nouvelles indications. Il est utilisé depuis fin 2016 dans les chambres radioprotégées dédiées du Centre François Baclesse.

Des chambres spécialement aménagées

Pour les patients qui bénéficient de ces traitements, il existe donc au sein de l’établissement, une unité de chambres radioprotégées. Ce sont des chambres seules avec des murs plombés et des toilettes reliées à des cuves situées au sous-sol de l’établissement afin d’assurer un traitement spécifique des urines. Il en est de même pour la ventilation. Le Centre François Baclesse est une des rares institutions normandes à disposer d’une telle unité de chambres.

La réglementation autour de la RIV et de la radioprotection est évolutive. Des améliorations sont toujours nécessaires et apportées en permanence pour prévenir et minimiser les risques de ces traitements radioactifs pour les patients, le personnel mais aussi le public.

Un exemple de médecine personnalisée

La radiothérapie interne vectorisée (RIV), qui est une thérapie ciblée, suppose de s’être assuré, en amont, que les cellules affectées captent bien le traceur grâce à une imagerie TEP spécifique (même molécule que celle de la RIV mais marquée avec un traceur radioactif différent, visible en TEP). C’est la démarche théranostique (« Théra » pour thérapeutique et « nostique » pour diagnostique) qui représente une avancée majeure dans la prise en charge de certaines tumeurs.

« La combinaison d’une imagerie et du traitement de RIV spécifique est connue sous le terme de théranostique et représente un exemple de médecine personnalisée », assure le Docteur Stéphane Bardet, chef du service de médecine nucléaire au CLCC de Caen. Ce traitement ciblé permet de ralentir efficacement la progression de certains cancers métastasiques, notamment ceux de la prostate, avec très peu d’effets secondaires pour les patients.

Pour d'autres cancers

« Récemment, la RIV s’est enrichie de plusieurs traitements qui ont fait preuve de leur efficacité et innocuité dans la prise en charge de tumeurs endocrines et encore plus récemment du cancer de la prostate métastatique. L’arrivée de ces nouvelles thérapeutiques a augmenté considérablement l’activité RIV du service dans les dernières années, poursuit le spécialiste. Dans les prochaines années, d’autres radiopharmaceutiques seront développés pour le traitement d’autres cancers. Comme pour tous les médicaments, Ils seront d’abord évalués dans des protocoles d’étude puis, s’ils sont efficaces et bien tolérés, seront autorisés, remboursés et, enfin, administrés dans des services de médecine nucléaire agréés. Tout ce processus prend du temps. »

De nouvelles thérapies ?

Cette thérapie innovante nécessite une organisation multidisciplinaire et s’intègre dans l’ère de la médecine personnalisée. Des essais cliniques sont en cours à la fois pour un élargissement des indications à d’autres types de cancer comme le cancer du sein et pour un développement de nouveaux isotopes afin d’optimiser les traitements existants et envisager de nouvelles thérapies.

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[A revoir] Le témoignage de Cindy Duchazaubeneix, manipulatrice en radiothérapie

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